Handiparentalité : devenir parent malgré son handicap

Lors d’une naissance pour un parent en situation de handicap, la prise en charge se met en place via un accompagnement spécifique impliquant d’être aux côtés du/des parent(s), d’écouter leurs besoins et leurs attentes dans ce projet de parentalité. L’intervention se crée dans le cadre d’un projet de vie qui consiste à fonder une famille. Il est important de noter que la prise en charge peut s’effectuer dans un contexte de handicap autant pour la mère que pour son conjoint/sa conjointe.

Cet accompagnement passe par : 

  • Un échange sur le projet de vie familial
  • Une évaluation des situations de handicap et des mises en situation dans la vie quotidienne
  • Des propositions d’aménagements et d’adaptations dans la mesure des ressources disponibles
  • Un suivi prénatal et post-natal 

L’échange entre les parents et l’ergothérapeute va permettre de proposer des stratégies et des objectifs répondant aux besoins du parent avant, pendant et après la naissance. Il s’agit là d’offrir un maximum d’autonomie et d’indépendance au parent en situation de handicap ainsi qu’à son entourage. 

Il convient de ne pas imposer aux parents de solutions d’adaptations mais bel et bien de réfléchir ensemble à ce qui peut être mis en place en fonction des besoins, envies ou encore des ressources disponibles. Le matériel adapté représente en effet un coût important. En fonction des besoins, d’autres stratégies peuvent être trouvées et étudiées afin de répondre aux conditions de cette contrainte financière, souvent un frein à l’aménagement pour la famille. 

Il reste essentiel de travailler au sein d’une équipe multidisciplinaire composée de médecins (généraliste, gynécologue, chirurgien, …), sages-femmes, infirmières, kinésithérapeutes ou encore d’autres professions s’articulant autour de la naissance de l’enfant et des parents. 

Période prénatale

Au cours de la grossesse, le manque d’information sur une naissance dans une situation de handicap encourage les femmes à ne pas avoir d’enfant. En effet, celles-ci rapportent qu’elles trouvent encore rarement des réponses à leur question sur les problématiques du handicap et que les services n’ont pas d’unité ou d’équipe dédiées. Elles témoignent du manque de connaissance des professionnels face à la parentalité avec un handicap et sont demandeuses d’un accompagnement spécialisé. 

De plus, les changements physiques occasionnés par la grossesse deviennent des obstacles lorsque celle-ci engendre des difficultés de déplacement, de la fatigue ou encore d’autres symptômes majorés dans une situation de handicap. A cela vient s’ajouter la problématique de l’environnement physique et matériel qui n’est pas adapté en milieu hospitalier (ex : consultations) mais également au domicile. 

Cependant, il est important de noter que la famille présente (conjoint(e), parents, …) est une aide précieuse aux côtés de la future maman. 

Accompagnement de l’ergothérapeute

  • Collaboration avec l’équipe de maternité 
  • Mise en place d’un suivi régulier afin de : pallier aux difficultés engendrées par la grossesse, préparer l’arrivée du bébé (choix du matériel, mises en situation avec poupon à l’hôpital et au domicile, réponses aux questions, …)
  • Proposer de l’information et de l’écoute afin d’élaborer un projet de vie familiale

Période post-natale

A peine quelques jours après la naissance, la question de l’accompagnement au retour à domicile apparaît. Après étude, il s’avère que l’apport financier dans le cadre de l’achat d’équipements adaptés est conséquent. De nombreuses familles ne disposent pas des ressources suffisantes et sont en attente de stratégies pour améliorer leur quotidien sans ce matériel spécifique. 

Les parents sont également demandeurs d’accompagnement dans le choix du matériel de puériculture nécessaire à leur enfant et accessible à leurs ressources et à leurs besoins. De même, ils souhaitent pouvoir recevoir des conseils concrets, avoir un suivi et une personne de contact au sein de l’équipe même après le retour à la maison. 

Dans ce contexte de retour à domicile, il est important de prendre en compte le niveau de handicap et les conséquences sur la vie familiale avec un enfant. En effet, certaines mamans expriment leur difficulté à trouver leur place par peur de mal faire ou de se retrouver en situation d’incapacité/insécurité avec leur bébé. Le conjoint ou les aides à domicile sont certes importants mais ne doivent pas prendre la place de la maman. De ce fait, elle pourra, dans la limite de ses capacités, apprendre à se familiariser avec les gestes et soins à offrir à son enfant dans son environnement (adapté), avec ou sans l’aide d’une autre personne.

Accompagnement de l’ergothérapeute

  • Mises en situations dans les activités de la vie quotidienne à l’hôpital dès la naissance
  • Si possible, mises en situation dans les activités de la vie quotidienne à domicile
  • Adaptation et sécurisation de l’environnement en fonction des besoins, de l’évolution du handicap du parent et du développement de l’enfant
  • Intégration de la mère dans son rôle de parent
  • Mise en place d’un suivi post-retour à domicile régulier afin de proposer une prise en charge adaptée à l’évolution des besoins de la famille

Les troubles de l’attention, avec ou sans hyperactivité (TDAH)

Qu’est-ce que c’est ?

Le TDAH est le trouble du comportement le plus diagnostiqué chez les enfants. Il serait présent chez environ 2% des enfants et toucherait davantage les garçons que les filles. Les causes sont encore méconnues mais une étude (BARKLEY, 2006) estime que les facteurs psychosociaux (conflits familiaux, couples, lien d’attachement parent/enfant, …) n’ont pas d’impact significatif sur l’émergence du TDAH chez l’enfant. Les symptômes typiques sont l’inattention, l’hyperactivité et l’impulsivité.

Selon le DSM V, le TDAH est un trouble neurodéveloppemental caractérisé par des symptômes précis ayant un impact sur les activités sociales/scolaires de l’enfant et rattachés à des critères diagnostics :

  • Au moins 6 symptômes ou plus parmi les symptômes « d’inattention » qui persistent depuis plus de 6 mois
  • ET/OU Au moins 6 symptômes ou plus parmi les symptômes « d’hyperactivité et impulsivité » qui persistent depuis plus de 6 mois

Les signes d’alerte

  • Agitation
  • Agressicité
  • Comportements à risque
  • Difficultés scolaires
  • Difficultés relationnelles
  • Distraction fréquente
  • « Infatigable »
  • Parle beaucoup, coupe la parole
  • Recherche permanente d’attention

Les impact au quotidien

  • Détérioration de la relation parents-enfant, des relations familiales et scolaires
  • Difficultés à se contrôler et à se réguler
  • Difficultés d’apprentissages conséquentes à un manque d’attention en classe
  • Isolement scolaire conséquent à un comportement dérangeant en classe (enfant perçu comme un perturbateur par les autres élèves)
  • Réduction voir suppression des interactions sociales

Evaluation par l’ergothérapeute

L’ergothérapeute pourra réaliser un bilan qualitatif et quantitatif. En premier lieu, une étude approfondie de l’environnement de l’enfant permettra de faire ressortir des éléments clefs pour sa prise en charge. Il s’agira d’analyser l’environnement familial, scolaire et parascolaire. Cette première partie comprendra des entretiens avec les parents, avec l’enfant, voir les deux réunis. Par la suite, des bilans normés seront proposés afin de valider les observations et permettront d’objectiver la prise en charge à plus long terme. Des objectifs communs seront définis avec l’enfant et ses parents afin d’offrir à la famille une prise en charge adaptée et répondant à leurs besoins.

La prise en charge

  • Accompagnement des parents dans la gestion de la vie quotidienne avec leur enfant (+ lien d’attachement)
  • Apprentissage de la relaxation afin d’améliorer le contrôle de soi et favoriser le retour au calme
  • Développement de compétences d’organisation et de gestion du quotidien
  • Développement de l’endurance dans l’activité
  • Développement d’outils permettant d’améliorer et/ou de compenser les facultés d’attention
  • Développement d’un rythme adapté au temps d’attention disponible
  • Favoriser un environnement scolaire qui limite les distractions
  • Mise en place d’aménagements dans le cadre familial et scolaire
  • Proposer des activités signifiantes et significatives afin de favoriser l’attention
  • Renforcement de l’estime de soi
  • Renforcement des capacités d’endurance de l’attention

Sources

BARKLEY, R. A., 2006, Attention-deficit Hyperactivity Disorder : A Handbook for Diagnosis and Treatment, The Guilford Press, New York.

FAIVRE, F. L., ROSSIGNOL, A. S., SERPA, S. R., KNAUER, D., ESPASA, F. P., ROBERT-TOSSOT, C., 2005, Troubles du comportement entre 18 et 36 mois : Symptomatologie et psychopathologie associées, Neuropsychiatrie de l’enfance et de l’adolescence, 53

Leblanc, N. (2009). Le Trouble Déficitaire de l’Attention avec Hyperactivité (TDAH) au préscolaire : nature, évaluation et traitement. Santé mentale au Québec34 (2), 199–215

The Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders (5th ed.; DSM–5; American Psychiatric Association, 2013)

WODON, I. (2009), Les enjeux du TDAH, Déficit de l’attention et de l’hyperactivité chez l’enfant et l’adolescent, 11-13

Créer et/ou entraîner une équipe handisport

Comment créer une équipe handisport ?

Le choix du sport : entraîner c’est aussi s’intéresser à un sport afin d’en transmettre la passion. Il est important de disposer des notions relatives à ce sport mais aussi aux besoins qui en découlent. 

Le club : il est beaucoup plus simple de développer une section handisport au sein d’un club déjà existant, tant pour les démarches que pour la visibilité de l’équipe. Certains clubs se montreront très ouverts à l’ouverture de ce type de section et mettront beaucoup d’énergie pour aider à la développer. 

Les locaux : qui dit handicap dit accessibilité. A ce jour, très peu de complexes sportifs sont 100% adaptés pour accueillir des personnes en situation de handicap. Plusieurs éléments sont à prendre en compte, tels que l’accès aux vestiaires, au terrain, au matériel, ainsi qu’aux lieux de loisirs avant/après entraînement ou lors des matchs. 

Pourquoi entraîner en tant qu’ergothérapeute ?

Spécialiste du handicap et de la santé, joindre le sport à notre pratique semble tout à fait possible. Il s’agit d’une opportunité de rendre le sport accessible aux patients en situation de handicap. L’encadrement nécessite des compétences en lien avec le sport (règles, matériel, etc …) et avec la santé (notion de sport adapté) sans pour autant être dans une dynamique de soins, souvent déjà très présente pour les patients. 

Nos compétences médicales permettent lors des entraînements de valoriser les capacités des joueurs mais aussi de s’adapter constamment à leur niveau et à leurs besoins (endurance, force, manipulation du matériel, limitations médicales…). 

Loisir ou compétition ?

Tout dépend de vos attentes personnelles et de celles des joueurs. En effet, beaucoup de clubs ne sont accessibles qu’à partir d’un certain niveau, ce qui peut être un frein au lancement dans le handisport pour une personne qui cherche à débuter ou à jouer via un niveau de loisir. Bien que l’esprit de compétition domine chez les joueurs, il est important d’offrir l’accès à tous. 

Dans un premier temps, je conseillerai à l’équipe de s’orienter sur du loisir pour la 1ère, voir la 2èmeannée. C’est en effet pendant cette période que l’équipe se constitue, et s’implante réellement dans le temps. Les premiers mois sont rythmés d’hésitations et de tests pour les nouveaux joueurs. Il est donc important de prévoir un temps pour se stabiliser et créer une véritable dynamique d’équipe. 

A titre personnel, je me suis formée auprès de la Ligue Handisport Francophone afin d’avoir davantage d’outils liés à la gestion d’une équipe handisport. J’entraîne désormais une équipe de basket en chaise roulante 1 fois minimum par semaine, où les types de handicaps sont très variés. Je propose également, à la demande de la LHF, des initiations lors d’évènements incluant le handisport. 


Sites d’informations :

Ligue Handisport Francophone : http://www.handisport.be

Fédération Française Handisport : http://www.handisport.org

Trotteur et Youpala, un danger identifié

L’utilisation d’un trotteur ou d’un Youpala est un sujet de discussion majeur lorsqu’il s’agit d’investir dans du matériel de puériculture pour son enfant. En effet, des idées préconçues et une pression commerciale mènent souvent à l’achat de ce type de matériel pourtant très controversé auprès des professionnels de santé et de la petite enfance. Interdit au Canada et en Australie, cet objet reste bien présent dans nos commerces.

Mon enfant marchera-t-il plus vite en utilisant ce type de matériel ?

La réponse est non. L’acquisition de la marche est un processus complexe et composé de nombreuses étapes (position assise, quatre pattes, …). De manière générale, un enfant ne devrait pas être mis en position debout avant de l’avoir fait par lui-même. Le processus d’acquisition de la marche permet le développement et la maturité du système musculaire, nerveux mais aussi articulaire de l’enfant. Des exercices au sol/dans le parc et des jeux adaptés à son âge et à son développement pourront permettre d’accompagner bébé en respectant toutes les étapes.

Il apparaît dans certaines études un retard d’acquisition de la marche variant de 3 à 6 semaines chez les enfants ayant utilisé ce type de matériel. De plus, il est important de noter que les acquisitions de l’enfant pendant le processus de marche influenceront sa motricité et son développement tout au long de sa vie.

Quels sont les risques liés à son utilisation ?

Risques accidentels

L’un des risques majeurs se trouve dans les chutes liées à la présence d’une marche, d’un escalier ou encore d’un obstacle (tapis, jouets…). En effet, la vitesse de propulsion pouvant atteindre jusqu’à 2m par seconde chez les enfants les plus habitués et la stabilité de ce type de matériel n’étant pas optimale, un moindre contact avec un obstacle peut engendrer une chute. L’enfant est alors propulsé soit en avant, soit en arrière, et c’est malheureusement sa tête qui sera la plus impactée par la chute, engendrant un risque majeur de traumatisme crânien. De plus, l’utilisation par l’enfant de ce matériel comme outil de déplacement peut lui donner accès à des objets dangereux.

Risques développementaux

  • Absence de développement de l’équilibre (n’apprend pas à se protéger en cas de chute)
  • Acquisition d’une vitesse de marche accélérée et non maîtrisée
  • Déformation des pieds, des jambes et des hanches
  • Développement de la marche sur la pointe des pieds –> utilisation des tendons d’achille en flexion permanente
  • Risques posturaux –> tronc constamment en avant pour se propulser, hanches fléchies
  • Rupture des étapes d’acquisition de la marche

Mon enfant a utilisé ce matériel et ne présente pas de troubles du développement

Il est évident que tous les enfants ayant été dans un trotteur ou un Youpala n’ont pas présenté à long terme des conséquences sur leur développement et sur l’acquisition de la marche. Plusieurs variables interviennent dont le temps passé à l’utiliser ainsi que l’environnement d’utilisation. Plusieurs études ont cependant mis en avant les risques liés à ce type de matériel et les professionnels de santé sont nombreux à alerter les parents quant aux risques encourus par leur enfant.

Vous avez une ou des questions quant à l’utilisation du trotteur ou du Youpala ? L’onglet « Contact » est à votre disposition

Sources

BURTE, C. (2008), Les accidents de trotteur chez le nourrisson: à partir d’une étude prospective réalisée aux urgences pédiatriques du CHU de Nancy, Sciences du Vivant

Malandrin, M. (2013). La prévention au quotidien: Accompagner un enfant et ses parents à la Maison Verte. Dans : Daniel Coum éd., La famille : ressource ou handicap  (pp. 159-174). Toulouse, France: ERES